Workshop Conservation

Workshop 2013 sur la Conservation - Réserve Zoologique de Calviac

Ces dernières années, c'est notamment à Beauval, à Thoiry, ou encore à La Palmyre que les soigneurs animaliers adhérents de l'AFSA avaient élu domicile, le temps d'un colloque ou d'un « workshop », pour travailler ensemble à améliorer leurs pratiques et réfléchir aux nouveaux enjeux de leur profession.

A Calviac, c'est la question de la conservation des espèces menacées qu'ils ont voulu mettre en avant. Une préoccupation depuis toujours au cœur de la démarche de la Réserve Zoologique de Calviac, comme aime à le rappeler Emmanuel Mouton ; mais une préoccupation largement partagée chez les soigneurs qui avaient répondu nombreux à l'invitation.

Une bonne soixantaine de participants avaient en effet fait le déplacement pour ces trois journées ensoleillées passées entre la Réserve où se tenaient les ateliers de travail et le village de Calviac où se déroulaient conférences et prises de parole sur cet aspect récent de leur métier.

Tous pensent désormais que la relation privilégiée qui existe entre le soigneur et l'animal mérite d'être connue du public et beaucoup estiment avoir des choses à dire sur la faune qui intéressent tout le monde - et tout particulièrement les défenseurs de la nature et des espèces menacées. Le « zoo » est en effet devenu désormais le conservatoire des espèces menacées où se forgent les connaissances et le savoir-faire sur l'animal, où l'on peut également mettre temporairement les espèces les plus menacées à l'abri, et d'où l'on peut enfin organiser les réintroductions dans le milieu naturel quand elles deviennent possibles.

Stewart Muir, président de l'association britannique des soigneurs animaliers (ABWAK) et directeur du zoo de Newquay a ainsi inauguré les travaux par la présentation des échanges menés entre plusieurs établissements anglais et un Parc national vietnamien qui ont permis la sauvegarde et l'étude de plusieurs espèces, comme la civette d'Owston, menacée localement par le braconnage et la destruction de son habitat naturel.

Cette conception moderne du zoo, devenu acteur à part entière des programmes de conservation dans le monde, s'est sans doute imposée plus tôt en Angleterre qu'en France, et c'est pourquoi le Royaume-Uni était à l'honneur lors de ces journées, où la présence de John E. Fa a été particulièrement remarquée.Ce professeur de l'Imperial College de Londres et responsable de la conservation au Durrell Wildlife Conservation Trust, basé dans l'île de Jersey et qui rayonne sur 14 pays, a rappelé que le zoo n'était que la partie émergée de l' « iceberg » de la conservation, dont l'essentiel reste caché : de nombreuses actions de coopération pour la sauvegarde des espèces. Pour les mener à bien, il faut avant tout parvenir à travailler main dans la main avec les populations locales et permettre de diffuser les savoir-faire des « soigneurs-scientifiques ».
C'est par la prise en compte de la métapopulation, c'est-à-dire la population globale d'une espèce à l'échelle planétaire, à la fois dans la nature et dans les parcs zoologiques, que l'on peut ainsi mener à bien un programme de conservation. Ainsi, Durrell a-t-il récemment mis à l'abri quelques spécimens de grenouilles de Montserrat, dont l'habitat aux Antilles se réduit irrémédiablement au fil des années et dont le nombre a diminué de 80% depuis 1995, dans l'espoir de permettre la survie de cette espèce. Les soigneurs, qui connaissent bien la faune, ont tous en tête la triste histoire du dodo, ce grand oiseau de l'île Maurice, découvert au 16ème siècle et disparu moins d'un siècle plus tard, du fait de l'activité humaine, sans qu'aucun représentant de l'espèce ne soit mis à l'abri.

Les soigneurs de nombreux parcs français ont témoigné durant ces journées de l'action entreprise en faveur de cette contribution à la conservation par leurs établissements : le Bioparc de Doué-la-Fontaine, le Zooparc de Beauval, la Vallée des Singes, ou encore les parcs zoologiques de Maubeuge et de Pessac. A chaque fois, c'est une petite idée qui fait son chemin, une rencontre, un voyage qui est à l'origine d'une simple démarche et qui, grâce à l'engagement continu des soigneurs, devient un véritable programme d'action et de conservation. Cela signifie souvent pour eux l'approfondissement de leurs connaissances et le sacrifice de beaucoup de temps ; mais aussi la concrétisation d'un idéal naturaliste qui les a à l'origine fait embrasser ce métier.

Ils témoignent encore de leur mobilisation par le souci de s'impliquer dans une démarche qualitative de formation et d'approfondissement de leurs connaissances que l'AFSA cherche à mettre en œuvre depuis cinq ans avec eux.

Avec ce nouveau rendez-vous, la Réserve de Calviac, malgré sa taille modeste, traduit ainsi son engagement aux côtés de grands parcs français et étrangers dans la conservation. Avec l'élevage conservatoire du vison d'Europe mis en place cette année et les nombreux programmes soutenus par la Réserve, comme celui de l'AEECL (Association pour l'Etude et la Conservation des Lémuriens) à Madagascar, mais aussi par son implication dans les programmes d'élevage comme celui du goura de Victoria, coordonné par sa chef animalier Mylène Sannier, Calviac entend ainsi donner « un futur pour la nature ».

 

Lieu

Réserve Zoologique de Calviac